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Devenir écrivain à temps plein
Retour de vacances : quelques jours à Londres, avant de renchaîner sur une année entière de boulot. Les prochaines vacances ne seront pas avant avril. Est-ce du temps perdu toutes ces heures en entreprise ? Cela ne serait-il pas mieux d'être écrivain à plein temps ?
Oh, n'allez pas croire qu'il s'agit là de ma réflexion... En fait, je réagis à un post sur Facebook d'un écrivain qui arrêtait tout pour se consacrer à ce seul métier. Etape importante : obtenir l'accord du conjoint, de la famille, disposer d'un fond suffisant. Ne reste plus qu'à se lancer ?!
Bon, allez j'avoue, cette idée nous a tous traversé. Parce qu'on se dit, peut-être logiquement : "J'écris bien, assez vite, c'est plutôt bon ce que je produis. Si je disposais de plus de temps, j'accomplirais des merveilles !"
Déjà, il faut considérer que très peu d'écrivains vivent de leur plume. Si on considère qu'il faut 2.000 € par mois pour vivre honnêtement (à peu près un SMIC et demi), cela correspond à quoi ? Au moins 1.000 livres vendus. TOUS LES MOIS. En sachant qu'on considère un Best Seller quand il dépasse 2.500 ventes au total. On comprend le problème.
Mais foin de toutes ces considérations mathématiques, triviales.
Ecrire, c'est un moment qu'on s'offre, personnel, intime, une activité qu'on aime effectuer. A-t-elle vraiment un but, une finalité ? Cela devient un travail si on s'y abstient, tant d'heures par jour, tels impératifs de pages, de signes, de résultat à atteindre (finir un chapitre, rendre telle ou telle scène adéquate et parfaite, parvenir au bout du pavé).
Je lisais quelque part, car j'apprécie de jeter un oeil au travail et aux considérations de bien d'autres écrivains (c'est déjà une première étape d'un travail pro), qu'un écrit n'avait jamais de fin. On peut le recommencer, le retravailler, l'améliorer, ne jamais le considérer comme ayant atteint son but PARFAIT.
Or... le fait de travailler à côté, de faire bien d'autres choses - outre de nous laisser davantage ouvert au monde, je trouve - nous dicte bon nombre d'impératifs. Du temps moindre, mais qui sera paradoxalement plus intense, plus fructueux, et davantage mis à profit, un regard plus ouvert, stricte et "éclairé" je dirais par la nécessité. Oui, ce métier, ce rêve d'écrivain reste et restera toujours, ne nous voilons pas la face... mais l'oeuvre qui surgira de ces efforts, difficiles, longs, attentifs et effectués sur le mode de la persévérance, sera à mon sens beaucoup plus fort et profond.
On peut vouloir creuser un personnage, creuser des descriptions, repousser et aller toujours plus loin. Pourtant une première oeuvre n'était-elle pas surtout un ovni, souvent plus court, allant à l'essentiel, dévoilant la quintessence de ce qu'on pourra écrire plus tard ?
Bon j'aurais pu jouer la facilité avec un "il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs". Le fait est le suivant : ne faire que ça, trop tôt, sans y être préparé, sans être sûr du succès... cela risque d'avoir au final les effets contraires, peut-être même de tuer dans l’œuf ce qui aurait pu advenir.
Ça reste tentant (ça le restera, je l'ai déjà dit). Bon, allez ! Faites juste gaffe à ne pas vous brûler les ailes. Amusez-vous, faites-vous plaisir ! Est-ce que c'est pas ce qu'on voudrait parfois dire à nos joueurs de football mal-aimés ;-)
A bientôt, bises
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