• Mots, ténébreux morts vivants de l'âme

    Sommes-nous ce qu'on lit ? Sommes-nous ce qu'on écrit ?

    J'ai découvert le métier d'écrivain avec l'épouvante. Suis-je donc épouvantable, transi devant le sang versé, devant les morts qui s'accumulent ?

    Je crois plutôt, toute proportion gardée, que j'aime ce qui n'existe pas. Curieusement, l'épouvante est probablement ce qui se rapproche le plus de notre réalité, altérée par ce qui n'existe pas. Certes, le fantastique transforme aussi notre morne existence, lui rajoutant souvent du merveilleux.

    Mais qui croit encore au merveilleux ?

    Alors que l'épouvante ?! C'est ce petit quelque chose qui nous fait nous dire, et si... et si, les choses n'étaient pas ce qu'elles semblent être. On regarde notre voisin, et une expression bizarre sur son visage (alors qu'il regarde ailleurs) nous donne l'impression de voir un assassin, ou un fou. Nous croisons un automobiliste, et il n'en faut pas beaucoup pour "craindre" soudain qu'il braque son volant et fonce vers nous.

    Je ne vous parle même pas d'un flic, menaçant, d'un animal au comportement inquiétant, d'un trou dans le sol duquel pourrait sortir... n'importe quoi. N'y a-t-il pas continuellement cette crainte en nous, que quelque chose tourne mal ? Qu'un malade sorte du bois avec une tronçonneuse, voire pire.

    Au jeu de l'épouvante, les mots ont un pouvoir inquiétant, et puissant. Car ils nous laissent imaginer un peu tout et n'importe quoi. En épouvante, d'ailleurs, les pires moments ne sont pas ceux où le monstre jaillit (car on bascule alors dans le merveilleux, l'irréel), mais ceux où l'on craint... tout un ensemble de choses qui pourraient nous filer une frousse bleue.

    Notre corps est probablement le bien le plus précieux dont nous ayons la garde. Il peut tomber malade, se couper facilement, se bloquer du dos ou se casser un membre au ski... Bref, on peut dire qu'il n'est pas toujours aussi solide, fort et résistant qu'on l'aurait souhaité. Ce qui peut arriver de désagréable à notre corps, nous "maintient" dans une sacré hantise, que lui arrive un peu tout et n'importe quoi (encore une fois, je sais).

    Le corps des autres est surement aussi ce qu'il peut y avoir de plus prégnant (je ne sais pas ce que veut dire ce mot, mais je l'utilise souvent pour parler de quelque chose qui nous concerne intimement).

    Mais avec des mots, le "corps" reste très loin. Le dur travail de l'épouvantement consiste donc à s'attacher au corps d'un héros, et à ceux de son entourage. Plus on s'investit émotionnellement avec eux, plus on craindra pour eux.

    Et là... paf, on bascule dans le sadisme ? 

    NON, NON, désolé mais non, on essaie juste de raconter une histoire. Elle n'existe pas: ce sont des mots !!!!!! DES MOTS !!!!

    Bon, on peut admettre que les mots ne sont pas innocents. Si on les écrit, c'est à propos. MAIS C'EST DE LA FICTION, ça n'existe pas !!!!! Ce sont juste DES MOTS...

    Bref, j'espère ne pas être trop épouvantable. Peut-être un tout petit peu, à la rigueur, mais je suis normalement plutôt quelqu'un de cool, tranquille, décontracté, et même gentil. Enfin, ce me semble. C'est ce que j'ai toujours cherché à être, malgré les tournures que la vie peut prendre !!!

    Là, aussi, ce sont des mots.

    "Ouais, facile celle-là !!"

     

     

     

     


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