• Le corps est vaincu et les yeux peinent à rester ouverts. Il reste malgré tout comme une insupportable insuffisance : et si tout n'avait pas été écrit ? Quelqu'un lira-t-il ce que j'écris à l'instant, au fond je l'ignore. Et pratiquement, ce n'est pas le plus important. Ce qui compte, c'est d'écrire. De poser des mots sur l'instant présent, de réussir à retranscrire ces errements qui me prennent par moment, et ne me lâchent plus.

    Parmi ceux-là, écrire est un de ceux qui me tourmentent. Oui, il est évident qu'on peut trouver pire mal-être dans la vie. Cela en reste un, pourtant, qui ne laisse pas en paix. Comme une lame de fond, l'angoisse submerge. Angoisse de quoi ? Angoisse du mot de plus, du temps perdu, du gaspillage de l'existence (ce vol en avant parfois si court, ce plongeon dans le vide parfois si long).

    Les mots ont cette force qu'ils tentent de retranscrire ce qu'on éprouve... Ils ont même cette force que celui qui les lira les amplifiera ou les amenuisera selon ses propres perceptions, et qu'ils ne seront jamais identiques pour tout un chacun.

    Se mettre à écrire, c'est toujours faire un pas en avant vers ce qui n'a pas été composé. Certains contestataires oseront dire que ce peut être un pas en arrière. Pourtant par rapport à ce qui a était écrit jusque là, ça reste aller de l'avant. On ne se mettra pas à réfléchir à tous les écrits que les siècles ont fait disparaître, à tout ceux dont on ne saura jamais rien. A quoi bon !

    L'écrit en tant que tel ne compte que pour une personne : celui qu'il l'écrit. Il comptera (un peu) pour ceux qui le liront. Et pour les autres, il n'aura simplement pas existé.

    Était-ce la peine d'y consacrer du temps ?

    Il fallait que ça sorte.

    Sur ce : bonne nuit !

     

     


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  • J'étais dans la cuisine, et voilà qu'à travers les persiennes fermées j'entend les cigales chanter. Crisser, serait plus exact. Je replonge soudain dans des souvenirs d'enfance. Pagnol, ou "la cigale et la fourmi" de La Fontaine, diraient certains. Pour moi, c'est le signe que l'été est enfin là. Le signe qu'une grosse chaleur accablante s'abat au-dehors. Légèrement vêtus, la journée s'écoule à l'intérieur de l'appartement, barricadé pour conserver un peu de fraîcheur, en attendant que le soir vienne, et qu'on puisse sortir.

    Il y a quelque part dans l'air ces parfums de crème contre les coups de soleil, la vision des niçois se promenant en famille, habillé en maillots de bains et tee-shirt, avec serviette de plage autour du cou et parasol sous le bras. Certains n'hésitent pas à aller torse-nu, mais ils se font plutôt mal voir, bien qu'ils n'en aient rien à faire. Comme si le regard des autres avait de l'importance.

    Les cigales ne cesseront plus de chanter jusqu'en septembre. Le ciel sera bleu, du matin au soir, à perte de vue. Les immeubles offriront de l'ombre à leur droite le matin, à leur gauche l'après-midi, et on marchera de coin d'ombre en coin d'ombre, serrant les dents en passant en plein soleil, comme si la morsure était là toute prête à nous gober.

    Dans les campagnes alentours, sur les collines de Nice ou au bas des Alpes, les forêts de pins sentent fort la résine. Le sol est jaune, presque brûlé. Le soleil s'appesantisse sur tout le paysage. Le vent parait avoir cessé à jamais de souffler.

    Et les cigales chantent, habillant les journées de leur plaisir.

    "Eh bien, dansez maintenant"

     

     

     

     


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  • L'écriture a toujours été pour moi basé sur une vision claire : un moment volé, une action forte, une vision d'un paysage précis ou d'une situation. Pour donner un exemple précis, dans "les joyaux élitiques" je voyais clairement cet être au physique noble, pourtant ravagé par la soif de pouvoir, et scrutant le haut de la tour où se trouvait l'objet de toutes ses convoitises, le joyau de pouvoir.

    La vision était claire et nette. Et il y avait surtout une histoire derrière tout ça, des choses à raconter en amont et en aval de cette vision. Souvent d'ailleurs, je combine plusieurs de ces "vues" pour enrichir la même histoire, et qu'elle me parle vraiment. Car quand les éléments d'une histoire vous stimulent, l'écriture devient extrêmement fluide et aisée.

    Or, et c'est pour cela que j'en parle là, je participe également à des exercices imposés: appel à texte pour des nouvelles, ou participation à des concours de nouvelles. Un exercice tel que celui-là permet de se comparer à d'autres écrivains, d'obtenir des avis de lecteurs, de peut-être trouver des débouchés intéressants, et d'écrire aussi des textes que je n'aurais pas écrit en temps normal.

    Et curieusement, certains thèmes ne m'évoquent rien (peut-être parce qu'ils émanent de la "vision" de quelqu'un d'autre). Je suis pour l'instant sur deux projets, l'un est une réécriture de "la chasse fantastique", l'autre est limité à un mot: "Angoisse". La chasse est un mythe du nord, dont je n'avais jamais entendu parler. "Angoisse" me parait plutôt un sentiment qu'on éprouve par panique, mais au fond sans raison, parce que ce n'est pas justifié.

    Je vous avais conseillé dans un cas comme celui-là d'en parler, de faire tourner dans votre tête tout un tas de possibilités et... je crois que ça vient de me donner quelques petites idées. Je cours me mettre au boulot ^^


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  • Pas de fatalisme, évidemment, juste un moment de lâché-prise, un instant où tous les sentiments s'expriment et font chœur avec notre corps. C'est libérateur, intime. Il n'y a rien à partager avec les gens qui nous entourent, parce que... soyons honnête, vous n'êtes probablement pas prêt d'avouer vos moments de faiblesses, et bien évidemment, comme vous, je suis un dur, un solide, et je ne pleure en aucune occasion. Je sais même pas ce que ça signifie, c'est pour dire !

    Sauf qu'il y a des moments où on a tout donné. On s'est investi, on a bataillé et on a passé des semaines à porter un projet à bout de bras, à secouer ciel et terre pour que ça marche. Voilà quoi ! Certaines choses marchent : "félicitations, vous êtes les meilleurs les mecs".

    Et d'autres non.

    Bon, je le savais. On voit très vite quand y a une touche, ou quand y en a pas. Enfant, adolescent, mon père m’emmenait à la pêche. Et y avait des moments où ça frétillait, le poisson était là. Et d'autres, où y avait rien, des heures passées devant l'eau tranquille.

    On gère ça comment ? Y a un moment où il faut que ça sorte. Le dépit, la déception, ces choses-là pèsent sur la tête, sur les épaules et le coeur. Alors ouais, faut que ça sorte, *rajouter un gros mot ici ! Faiblesse. Quelques instants, oui. Le temps d'expulser, de regonfler la poitrine. Et puis, on continue. Il en faudrait bien plus pour se laisser abattre... surtout que... je reste hyper motivé, confiant. En fait, heureux simplement de ce que je fais à l'heure actuelle.

    Je trouve ça bon, j'ai envie de dépasser ce qui se fait, je veux aller plus loin, encore plus loin, voire même plus. Ouais, faut que ça sorte ! On a fait ce qu'il fallait. Ça fait mal, mais on continue.

    Moi j'y crois. 

     


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  • Oui, n'ayons pas peur des mots : je suis tourmenté en ce moment par la peur de voler la gloire à d'autres, juste pour avoir une chance de percer et d'être lu. Je résiste, bien que ce soit un combat moral de chaque instant. Il faut plonger au plus profond de soi pour trouver les réponses profondes à ce qu'on est, à ce qu'on veut, vraiment.

    Je me suis lancé dans l'édition sur le principe suivant : me faire plaisir ! J'avais toujours rêvé d'être écrivain, comme beaucoup d'autres... et Amazon m'offrait un mélange d'éditeur traditionnel => publication à compte d'éditeur, et d'éditeur ouvert à tout un chacun => publication à compte d'auteur. C'est sûrement un peu complexe comme ça donc pour simplifier, nous dirons que l'édition ne me coûte rien, ne coûte rien à Amazon, et rapporte à tous deux.

    Gagnant, gagnant donc.

    Etre publié est une première gageure. Que recherche-t-on en faisant cela ? Etre lu, je ne vois rien d'autres au fond. Allez, ne soyons pas faux-_ _ _ , on aimerait plaire aux lecteurs, et pouvoir gagner suffisamment d'argent de nos écrits pour pouvoir en vivre au quotidien, et n'être qu'écrivain. Bien peu y arrivent dans les faits.

    N'oublions pas le premier principe: se faire plaisir. Réussir à tout prix, vendre son âme pour la notoriété, pour l'encensement, pour qu'on ne parle que de vous, je ne sais pas si cela est un bien ou un mal, si cela peut être un : objectif, de vie.

    Parce que, au fond, derrière tout ça, la véritable importance revient au texte.

    Le texte est un ensemble de mots magiques qui font vivre une aventure, vivre des émotions, qui emportent vers des univers innombrables et variés, où notre vie prend une autre dimension. Pendant quelques heures de lecture, on s'évade, on oublie, et on vit tout ce qui nous serait impossible autrement.

    Et la véritable valeur de l'écrivain n'est en aucun cas à l'écrivain, mais au texte qu'il livre. C'est lui qui doit porter toute la gloire, car c'est lui qui transcende la lecture de ceux qui vont vivre à travers les lignes.

    Rattachons-nous à un bon vieux proverbe, histoire d'oublier toute velléité déplacée :

    "A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire" ! 


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